12. Velo’V, le VLS lyonnais

Problématique

Le Grand Lyon (communauté urbaine de Lyon) se demande comment atteindre deux objectifs :

1) comment réduire de 10% l’intensité de la circulation aux heures de pointe, sachant que le basculement fluidité/saturation dépend de +/- 5 à 10% ?

2) comment améliorer la qualité de l’air, très pollué par la circulation automobile à moteur thermique ?

Solution

Il est décidé de tenter l’expérience du vélo en libre service (VLS) proposé par JCDecaux en complément de son mobilier urbain support de publicité, sur la base du succès rencontré notamment à Vienne, en Autriche, Gijon et Cordoue en Espagne. L’idée est que les esprits sont mûrs pour une solution ‘’douce’’, c’est-à-dire non polluante, quitte à être un peu plus lente. Nous sommes en 2004, l’effet Grenelle de l’environnement ne débutera que fin 2007. Le lancement est fait le 19 mai 2005.

Résultat

  • 4.000 vélos répartis sur 347 stations (Lyon et Villeurbanne, puis réseau étendu à Caluire et Vaux-en-Velin, à proximité de stations de métro)
  • permettent aux 60.000 abonnés (soit 10% de la population) de la zone couverte de parcourir 60 000 km/jour, avec 64 % de trajets domicile-travail
  • ce qui représente 58 millions de kilomètres parcourus par an pour 28 millions de locations.
  • En 2010, la part de déplacement à vélo avait doublé par rapport à 2005, avec 2,5 % du total, et la part des véhicules automobiles à moteur thermique avait baissé de 52 à 47%.
  • En 2012, d’après une enquête menée sur une quarantaine de systèmes de vélos en libre-service dans 18 pays européens, le Vélo’V de Lyon arrive en première position pour la qualité du service. Cette enquête combinait 4 critères : accessibilité, information, facilité de location et qualité des vélos[1]


Points clés :

  • La qualité de l’ensemble « produit+services intégrés » a fait le succès car la simplicité de location, l’information rapide sur smartphone de la localisation des stations où des vélos sont libres ou bien où des places sont libres sont essentielles.
  • La solidité du vélo et de ses accessoires (y compris le système électronique) est telle que le taux de réparation est faible (1 réparation pour 300 utilisations alors que le vandalisme concerne 10% des réparations)
  • Contrairement à une crainte exprimée à diverses reprises, l’attachement à la propriété n’est pas du tout un obstacle au développement de la vente de l’usage puisque le vélo en libre service (VLS) permet de lever 3 freins à la pratique du vélo en ville (le stationnement à domicile, le vol et la maintenance de son vélo personnel). Ce cas, comme d’autres, contribue à la montrer.
  • En conséquence et comme dans d’autres cas, l’économie de fonctionnalité ouvre le marché à une forte innovation, difficile à promouvoir dans le modèle traditionnel de la vente du bien. Les utilisateurs de VLS n’auraient pas acheté de vélos. Le vélo est une invention, le VLS est une innovation.
  • Cette activité a créé 60 emplois sur la région lyonnaise et permis de réutiliser des bus réformés du service commercial, de type Renault R312 qui ont été transformés en unités mobiles de maintenance.
  • Pour JCDecaux, le contrat conclu porte sur 13 ans et a permis un accroissement sensible du nombre de supports publicitaires (Abribus, autres supports de type MUPI) ; cette innovation a permis à JCDecaux d’éviter la banalisation de son offre, synonyme de guerre des prix.



Aspect économique et social

Le choix du Grand Lyon aurait pu être de distribuer, sous réserve de respect d’un cahier des charges, de distribuer gratuitement un vélo à une partie de la population.

En effet, le coût de l’opération, pour le Grand Lyon est de 50 millions € sur 8 ans. Un vélo fabriqué en Chine aurait pu être acheté pour 50€. 1 million de vélos aurait pu être achetés sur la période, probablement en deux fois 500.000 pour tenir compte du renouvellement nécessaire pour compenser le manque de qualité et surtout d’inadaptation à l’usage.    
Ces 50 millions seraient sortis totalement de France sans modalité de retour.

Le Velo’V a permis de créer 60 emplois sur la région lyonnaise et des emplois de conception et de fabrication au sein de l’entreprise stéphanoise Mercier et de l’entreprise portugaise Orbita. 
Les sommes transmises à ces entreprises, correspondant pour une grande part à des travaux réalisés en France et au Portugal, contribuent à l’entretien du cycle économique franco-européen, compte tenu du niveau d’intégration des États membres de l’UE. 
Elles ont servi à stimuler l’innovation, entretenir et développer des compétences, contribuer à passer dans « le monde d’après », celui qui verra un taux faible de dépendance aux ressources matérielles et privilégiera la valeur ajoutée, l’intelligence.


Merci à Gilles Vesco, Vice-président de la communauté du Grand Lyon pour les informations fournies et son enthousiasme à faire progresser la communauté lyonnaise vers ‘’le monde d’après’’.




[1] http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/06/27/01016-20120627ARTFIG00454-nos-systemes-de-velos-en-libre-service-bien-classes-en-europe.php