Un potentiel majeur de compétitivité et de rentabilité, de protection contre l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières
(voir tout en bas le commentaire de janvier 2015)
« La révolte sociale gronde dans l’atelier du monde », « La Chine gagnée par ses mouvements sociaux », « Le chinois Foxconn augmente les salaires après des suicides », tels sont les titres les plus évocateurs du début juin 2010. Dans un pays où la grève est interdite, les quatre usines Honda n’ont rien produit pendant plus de quatre semaines, les 800.000 employés de Foxconn, fabricants de produits électroniques pour les plus grandes marques, ont obtenu une augmentation de salaires de 20%, puis de 70% ! En août, Foxconn a décidé de recruter 400.000 employés supplémentaires (+50%) pour ‘’améliorer les conditions de travail’’ !
Que se passe-t-il donc en Chine ? La fabuleuse croissance qui dure depuis 30 ans a transformé le pays, enrichi plus ou moins tout le monde, mais aussi créé de graves tensions sociales. Les gains de productivité n’ont pas suffi à maintenir un réservoir de main-d’œuvre suffisant. Il faut le nombre mais aussi la formation. Quand la croissance va trop vite, l’un ou l’autre, ne suit pas, sinon les deux. Il fallait tenir compte de ces tensions et agir pour les réduire. Et puis, pour rester dans la cour des grands, la Chine a signé ce qui sera en novembre prochain la norme ISO 26000 sur la responsabilité sociale des entreprises, … et puis, puisque l’Europe et les Etats-Unis pourraient bien ne plus acheter assez pour soutenir cette croissance exceptionnelle dont la Chine a besoin pour se moderniser et faire passer bien des choses grâce à l’enrichissement de chacun, elle doit cesser de miser uniquement ou presque sur l’exportation ; c’est le moment de miser sur la croissance intérieure. Ces évènements, très relayés par la télévision officielle chinoise, vont faire tâche d’huile : les coûts de production vont exploser. Déjà, dans certains secteurs, des donneurs d’ordres cherchent une alternative. Avec les coûts cachés des délocalisations, aujourd’hui bien connus, avec l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières, tout est en place pour une inflation importée significative.
Est-ce spécifique à la Chine, par suite d’un développement exceptionnel sur plusieurs décennies ? Il semble bien que non puisque, en juin, au Bangladesh, 700 usines ont été atteintes par un mouvement de grève violent, conduisant à leur fermeture, les ouvriers réclamant une hausse du salaire minimum de 25 à 70 dollars.
Le temps des délocalisations est-il terminé ? Les salaires européens n’ont pas monté (!) au nom de la lutte contre l’inflation. La qualité de la main-d’œuvre est là, les infrastructures sont là. Le réajustement de l’euro, revenu à son taux de lancement par rapport au dollar, donc aussi vis-à-vis du Yuan chinois, redonne à l’industrie européenne sa compétitivité d’il y a 10 ans, d’autant que les progrès de productivité ont continué d’avoir lieu. Le taux de chômage très élevé exclut une tension sur les coûts salariaux.
L’économie de fonctionnalité, très économe en ressources matérielles, très valorisante de la main-d’œuvre de qualité, est un facteur d’accroissement de la rentabilité des entreprises et un facteur de lutte contre l’inflation bien plus sûrement que le resserrement monétaire (voir ‘’Un facteur moderne de réduction des coûts : l’économie de fonctionnalité’’). Avec elle, c’est parfaitement possible.
Commentaire de Janvier 2015 :
Eh bien non ! 2010 n’a pas été l’année du retournement ! Pourtant tout ce qui s’est passé depuis montre bien que ce texte n’a pas pris une ride. « Le système » a simplement réussi a faire durer ce qui lui convient. Mais plus on retarde l’échéance, plus la facture sera lourde, comme l’indiquent la monté du chômage, la perte de quelques fleurons industriels (Pechiney, Arcelor, Alsthom, etc.) et l’aggravation des déficits publics et privés.
Il est toujours temps de prendre les bonnes décisions. Les réalités se moquent des volontés. Elles s’imposent dans la douceur si l’on sait les respecter, dans la douleur si on les nie.
Homo durabilis et rentabilis
Porteuse de tous les espoirs d’une relance de l’économie mondiale, la Chine laisse poindre des signes de ralentissement. L’indice des directeurs d’achat (PMI) publié par la banque HSBC vendredi dernier montre une contraction de l’activité manufacturière sur le mois de septembre à 49,9 – au-dessus de 50, le chiffre montre au contraire une progression de la production. C’est le troisième mois consécutif que la banque note un recul de l’activité manufacturière, mettant en lumière les difficultés que traverse le secteur privé chinois, et notamment ses petites et moyennes entreprises, qui souffrent d’un resserrement du crédit et du ralentissement des exportations vers l’Europe et les États-Unis.